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La Marinère

 

A l’origine, une marinière n’est pas un tricot rayé mais bien une sorte de blouse, sans rayure, avec un grand col marin, généralement blanche et bleue.

 

Ce qu’on appelle aujourd’hui marinière provient d’un tricot rayé – c’était son nom – qui servait de sous-vêtement pour les matelots d’équipage. Le tricot était en jersey, descendait jusqu’aux cuisses et servait de protection, les marins ne portant ni de slips, ni de caleçons à l’époque. Ce sous-vêtement n’avait cependant rien d’officiel et chaque marin apportait ses propres vêtements. Leur vestiaire était uniquement règlementé par le nombre de pantalons, le nombre de tricots, etc. qu’ils se devaient de posséder lorsqu’ils étaient en mer.

 

C’est en 1858, le 27 mars pour être précis, qu’est publiée une note au bulletin officiel de la marine imposant aux marins la possession d’un tricot rayé bleu et blanc. Les rayures ont leur importance et étaient même très réglementées puisque chaque tricot devait comporter, pour sa partie centrale, 21 rayures blanches de 20mm de largeur et 20 ou 21 rayures bleues de 10mm de largeur suivant l’endroit de la coupe. Les manches, quant à elles, devaient avoir 15 rayures blanches et 14 ou 15 rayures bleues, toujours en fonction de l’endroit de la coupe. La technique de tissage fait que ces tricots n’ont qu’une seule couture au niveau des manches et sont donc faits d’une seule pièce pour plus de confort.

 

La légende selon laquelle le chiffre 21 correspondrait au nombre de victoires napoléoniennes est fausse. Entre la longueur du tricot et la largeur des rayures, on tombe sur le nombre 21. Pure coïncidence.

Pourquoi ces rayures ?

 

Plusieurs hypothèses sont soulevées et, comme d’habitude, difficile de précisément savoir laquelle s’avère exacte. Peut-être le sont-elles toutes.

La plus répandue serait que les rayures permettraient de repérer plus facilement les matelots tombés à l’eau ou lors de manœuvres dangereuses. Une utilité purement signalétique.

La seconde est beaucoup plus symbolique puisque si on jette un œil à l’histoire des rayures et des tissus rayés, on remarque que la rayure est longtemps restée en Occident une marque d’exclusion ou d’infamie. Les rayures étaient arborées par les personnes en marge ou d’une classe inférieur – en fonction des époques – comme, en vrac, les saltimbanques, les prostituées, les bourreaux, les prisonniers, les traitres, les domestiques, les déportés, et autres. La marinière était donc portée par de simples matelots, situant celui qui la porte au bas de la hiérarchie.

La dernière explication viendrait des contraintes de tissage par la bonneterie européenne qui a surtout produit sur des métiers circulaires des pièces de vêtements rayées.

La marinière est popularisée hors de la marine lorsqu’en 1917, Gabrielle Chanel lance sa marinière à Deauville dans sa seconde boutique pour plus tard être intégrée par des couturiers tels que Yves Saint-Laurent, Karl Lagerfeld ou Jean-Paul Gautier.

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